Introduction à la musique congolaise par Kerwin Mayizo, le 25 novembre à 19h au Hasard Ludique à Paris (Entrée libre).
Pour s’échauffer avant le concert de Jupiter & Okwess, PAM et le Hasard Ludique vous proposent le premier PAM Talk, une conférence pour s’initier à la l’histoire de la musique congolaise. Et en particulier, à celle de la rumba, qui fit danser tout le continent pendant cinquante ans.
Kerwin Mayizo, originaire de Kinshasa et fin connaisseur de l’histoire musicale de son pays, vous propose donc une initiation : à ses racines, ses pionniers, ses héros et leurs héritiers, mais aussi tous ceux qui ont essayé de se tracer un chemin différent, hors des avenues tracées par l’envahissante rumba congolaise.
Voici un petit-avant goût pour se mettre dans le bain.
1948. A Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa, Wendo Kolosoy enregistrait l’une des toutes premières rumba gravées dans la cire, pour le label Ngoma, tenu par les frères Jeronimidis.
1960. Joseph Kabasele, alias le Grand Kallé, partait à Bruxelles avec son orchestre, l’African Jazz, pour accompagner la délégation congolaise aux négociations sur l’indépendance du Congo belge. C’est là qu’il enregistre le fameux Indépendance cha-cha et quelques autres succès. On le retrouve quelques années plus tard pour cette séquence tournée dans les studios de la télévision congolaise (devenue zaïroise)
1970’s. Franco Luambo Makiadi et son orchestre le Tout-Puissant OK Jazz – fondé en 1956- sont à leur apogée. Franco est – avec Kabasele – l’autre « Grand Maître » qui fait alors les grandes heures musicales d’un Zaïre triomphant.
1974. En 74, le Zaïre accueille justement le « combat du siècle », fameux match de boxe opposant Mohamed Ali à George Foreman pour le titre de champion du monde des lourds.
En prélude, trois jours de festival musical réunissant la crème des artistes afro-américains et africains. Parmi eux, bien sur, des Zaïrois dont le Seigneur Tabu Ley Rochereau. Le voici justement pendant le rumble in the jungle avec ses danseuses, les Rocherettes, pour d’ébouriffantes chorégraphies.
- Lire ensuite : ‘Zaïre 74’, le mythique concert enfin accessible
Fin des années 70/80’s. Zaiko Langa Langa révolutionne la rumba. Les cadences s’accélèrent, les cuivres disparaissent au profit d’un son encore plus électrique. C’est la rumba seconde génération, qui emballe la jeunesse.
C’est aussi avec les Zaiko, au début des années 80, que s’impose la figure des atalaku (littéralement : « regarde-moi »), des animateurs chargés d’électriser le public, accompagnant la démonstration des nouvelles danses. Dans le groupe, un certain Papa Wemba qui bientôt formera son propre orchestre, Viva la Musica (avec Kester Emeneya). C’est là que Koffi Olomidé fera ses premiers pas.
90’s. Une nouvelle génération s’impose, la troisième. Celle du groupe Wenge Musica qui, comme bien d’autres groupes congolais, se scinde au milieu de la décennie (Wenge BCBG de JB Mpiana VS Wenge Maison-Mère de Werrasson). C’est dans cette génération Wenge que s’illustrent aussi Adolphe Dominguez, Ferré Gola ou des animateurs comme Bill Clinton.
Pour cette génération, l’animation devient prépondérante (quoique chaque album conserve une ou deux rumbas classiques), et le phénomène mabanga (dédicaces) devient si envahissant qu’il appauvrit – pour les puristes – la beauté des textes et des mélodies de la rumba d’autrefois.
+2000. Après eux, viennent les 4ème (Fally Ipupa etc.), voire 5ème génération (Héritier Watanabe…). Mais la rumba, si elle demeure, est désormais concurrencée à l’échelle du continent, notamment par le coupé-décalé de Côte d’Ivoire et les musiques du Nigeria. C’est aussi depuis les années 2000 que d’autres groupes congolais, autrefois étouffés par l’omniprésence de la rumba, percent à l’étranger.
C’est le cas de l’orchestre Staff Benda Bilili (et de sa dissidence le Mbongwana Star), ou encore de Jupiter Bokondj et son orchestre Okwess International. Un son résolument rock, qui puise dans les trésors de rythmes traditionnels congolais, et qui, sur scène, décoiffe.
Ceux-là ne sont pas nés de la dernière pluie, mais ils ont enfin trouvé leur voie pour sortir de la dictature de la rumba. On compte aussi parmi eux des rappeurs, comme Lexxus Legal ou encore le groupe d’électro extra-terrestre kinois : KOKOKO!.